5.5.10

Décharge

Je me suis réveillé en train de rêver de ce que j'allais faire cinq minutes après. Consulter mes mails. Avec ce sentiment de froisser l'espace-temps comme une boule de papier.

Homme bébé, vieil enfant, passé pas simple, futur pas composé.

- Depuis combien de temps t'es revenu?
- Sur ma vie... Je ne peux pas le dire.

Ma mémoire, les années de défonce, cette passoire.

Je m'en fous.

On dirait que mon cerveau fait de la place pour penser à autre chose.

Je veux ne penser à rien, du bruit, je veux revenir à mes 17 ans quand je t'aurais tassé tout ça dans quatre gros bangs à la suite. Rien à branler. Je suis fort. Et je tiens mieux que toi. Je tiens tout mieux que toi. Je m'éclate, je t'éclate.

J'ai envie de chialer de l'acide, j'ai envie qu'il soit moins que 15h34.

J'ai envie de crever tous les abscès de ma vie comme dans un jeu vidéo à base de lasers et de vaisseaux ennemis à détruire. Un shoot them up. De n'en rater AUCUN. TOUS. SHOOT. THEM. ALL. Et tu sais comment ça finit. Tu sais comment ça finit ces jeux, il y en a plein l'écran et tu es juste submergé. Donc tu poses la manette, tu lâches le volant, et advienne que pourri.

Dans ma famille on n'aime pas jeter, on finit toujours le pain de la veille. Du coup, tous les jours, on mange du pain rassis. Je me demande bien qui est le con qui a acheté cette putain de première baguette.

Vous savez pourquoi il ne faut jamais parler à un enfant comme à un chien? Car l'éventualité même que cela puisse arriver rentre dans son champ des possibles, alors qu'il faut lui apprendre que cette éventualité ne doit pas exister.